Au départ d´Uyuni, ce sont de grandes montagnes rompant l´horizon de l´Altiplano qui se dressent devant nous. 6, 7, 8 heures de bus (quand on aime on ne compte pas!) nous attendent pour parcourir les 200km qui nous séparent de Potosí. La piste prend des allures de montagnes russes, à travers des paysages aussi diversifiés qu´étonnants (il ne maquait que Mickey et Dumbo et on se serait cru à Disneyland!). D´un flanc à l´autre, on passe d´étendues désertiques aux dunes de sable, traversant peu à peu des petits villages isolés ou le temps semble s´être arrêté.
Potosi vue du Cerro Rico
Nous rallions finalement Potosi (avec soulagement, il faut être honnête!), située à plus de 4000m d´altitude. Flanquée dans une vallée trop petite pour contenir tant d´activité humaine, la ville impériale (décrétée par Charles Quint en 1555) garnit les flancs des montagnes environnates à l´exception d´un immense cône dominant Potosi du haut de ses 4700m! Le Cerro Rico, fut-il ainsi nommé par les conquistadors espagnols, abrite dans ses entrailles l´un des épisodes les plus marquants et les plus tragiques de l´histoire de l´humanité!
La montagne d´argent, diront les uns, qui a considérablement enrichi l´Espagne et les monarchies européennes à l´époque de la colonisation. Au bas mot, se sont 30 000 tonnes de métau qui furent extraites des ces mines, c´est à dire assez pour construire une route à deux voies pavée d´argent de Potosi à Madrid. Ou assez pour construire un pont d´os de la Terre jusqu´aux enfers. L´énorme quantité de richesse accumulée par l´Europe permis à une nouvelle théorie économique de s´épanouir.... Potosi, détonnateur du capitalisme naissant ou quand l´Europe vendit son âme au diable. La suite vous la vivez actuellement!
La montagne rouge, diront les autres, qui fut la dernière demeure de 6, 7, 8 milions d´amérindiens (c´est malheureux mais comme les heures de bus on ne compte plus...), exploités dans les mines d´argent au nom de la soif inébranlable de richesse du vieux continent. Et aprés les locaux, devinez qui l´on envoya travailler dans l´enfer du cerro Rico? Et oui, encore et toujours les esclaves africains. Et la France fut bien entendu l´un des principaux moteurs de ce commerce inhumain. Mais l´atiltude ne leur convenant pas, on les envoya travailler plus bas, dans les champs de coca...
Juan, dit "Catchi", faisant une offrande d´alcool à 96º à El Tio
C´est accompagnés de Juan, guide et ancien mineur, que nous pénétrons dans le gruyère du Cerro Rico (qui a dit qu´il n´y avait que du mauvais fromage en Bolivie?) à la rencontre de El Tio (lien uniquement pour les hispanophones, désolé), mi-diable mi-homme, à qui les mineurs vouent un culte, lui offrant chaque jour feuilles de coca, alcool à 96º (après en avoir bu quelques gouttes!) et cigarettes. El Tio, si vénéré mais si dur avec ses protégés! La cavités des mines aur lesquelles il veille forcent les mineurs à avancer le dos courbé, respirant poussières et acides, par des chaleurs de plus de 40º (à 4 200m d´altitude on vous le rappelle!) et à trainer des wagons de 2 tonnes à la main, souvent les pieds dans l´eau.
Bon on arrête là! Mais vous l´aurez compris, cette expérience fut aussi traumatisante qu´enrichissante! La démonstration avec la dynamite à la sortie des mines nous aura quand même rendu un peu le sourire, après 2 heures passés dans l´antre de El Tio, cimetière de milions d´indiens d´hier, et "lieu de travail" de miliers d´autres aujourd´hui, condamnés à ne plus voir le jour en échange de quelques bolivianos... Conclusion : aprés avoir mis les pieds dans cette mine, vous ne vous plaindrez plus jamais de votre boulot!
Ça fait un peu voyeur certes, mais il faut le voir pour le croire!
Malgré tout, il serait faux de dire que Potosi ne se résume qu´à ses mines. En effet, c´est également un des hauts lieux de l´architecture baroque en Amérique Latine, en témoignent ses innombrables églises, ses batiments coloniaux et sa cathédrale, visitée en compagnie de Dulfredo, guide et grand comique à ses heures. Nous montrons même en haut de la tour, à la recherche de Quasimodo selon lui, mais surtout pour apprécier la vue à 360º sur Potosi et aussi pour sonner (tout doucement, pour le fun!) les cloches de la ville. Et on attend encore Esmeralda!
Le lendemain, nous prenons la route de Sucre. Oui, vous avez bien lu! De la route asphaltée pendant 4 heures et demi (contre 3 annoncées par le transporteur...). Ça tourne toujours mais pour une fois ça ne fait que descendre, pour le plus grand plaisir de nos poumons maltraités par l´altitude et l´atmosphère irrespirable des mines. A 2 790m, la ville de Sucre reste la capitale constitutionnelle de la Bolivie (comme quoi on en apprend tous les jours!). Nommée ainsi en hommage au maréchal Sucre (rien avoir avec ce que l´on met dans le café...), la "cité blanche" compte parmi les plus belles villes coloniales, du moins son centre-ville, désormais inscrit au patrimoine mondial de l´humanité par l´UNESCO, tout comme Potosi. Malgré son nom, Sucre ne brille pas, à l´image de la Bolivie, pour ses spécialités gastronomiques, loin de là! Et nous sommes condamnés la plupart du temps à manger du poulet frit (ou plutôt de l´huile avec du poulet pas cuit!), plat unique servi dans les dizaines (centaines?) de "fast food" que compte la ville. A contrario, nous redécouvrons le plaisir de dormir dans des draps propres, sans avoir à sortir notre duvet!
L´atmosphère de Sucre fut tellement relaxante qu´on s´est un peu endormis sur les photos...
Malgré la pluie, qui tombe par averses tropicales (car nous sommes sous le sunlight des tropiques, comme dirait Gilbert!), il fait bon de flaner dans les rues de Sucre, boire un café sur la place centrale et une bière au mirador de la ville, visiter le magnifique cimetière (ou se retrouvent beaucoup de boliviens venus passer l´après-midi au calme!) et le musée des Arts Indigènes (avec démonstration de tissage traditionnel par des indiennes venues des petits villages alentours). On a beau pas être intéressés par le "tricotage", c´est vraiment impressionnant!
Place centrale de Tarabuco : un Inca arrachant le coeur d´un conquistador...
Le temps d´un jour du seigneur relativement clément, nous partons en van pour Tarabuco ou se déroule le traditionnel marché du dimanche. On y trouve de tout, de la sandale en pneu à la dernière chaussure à la mode! Cette escale nous permet aussi de découvrir de plus près le communautés indiennes quechuas (vous savez désormais d´ou vient le nom des produits "rando" chez Decathlon!), toujours présentes dans cette partie de la Bolivie et fières de leur héritage pré-colombien, notamment Inca. Même s´il est difficile de communiquer (le quechua c´est pas facile à apprendre!), cette journée nous aura donné un petit aperçu de cette Bolivie dans la Bolivie, loin du tumulte des grandes villes traversées jusqu´à présent.
Et c´est avec une soirée franco-belge (encore!) que nous terminons notre séjour à Sucre. Pour la suite, nous partons donc sur les chemins de Bolivie à la recherche du Père Noel! Vous saurez peut être dans le prochain article, comment fait ce vieux barbu pour supporter le chaleurs estivales quand il vient apporter les cadeaux aux petits boliviens!
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire