Peu après Humahuaca, sur le chemin menant à la Bolivie, la quebrada nous offre une vaste palette de couleurs recouvrant les montagnes de rouge, d´ocre, de blanc, de vert ou encore de violet! Peu à peu, les roches colorées laissent place à une grande plaine ou la végétation se résume à quelques cactus et buissons aux couleurs beaucoup moins riches... L´eau du rio ne coule plus... Nous sommes sur l´Altiplano!
Situé à plus de 3 000m, ce vaste haut plateau semble si près du ciel. A la Quiaca (3 443m), ville frontière, il devient plus difficile de respirer. Et c´est sous un soleil de plomb que nous passons nos derniers instants en Argentine avant de rejoindre le poste frontière, à pied et avec près de 20kg sur le dos. A ce moment là, le salut vient de la coca (pas la boisson!), que les locaux utilisent comme coupe faim ou pour combattre le sorroche, mal aigu des montagnes qui sévit dans les Andes. Nous sommes désormais très loin des plages de Viña del Mar....
Dans l´immensité altiplanique
Consommée en masse dans cette region, cette feuille sacrée des Andes que les amerindiens (Inca et Tiwanaku) utilisaient jadis à des fins religieuses est prohibée dans sur plupart des pays du globe. Peut etre parce qu´elle constitue un ingrédient de base de la drogue préférée des golden boys du monde... (pas besoin de vous faire un dessin). Surement pas parce qu´elle constituerait également une partie de la recette secrète d´une célèbre boisson gringo (là non plus pas besoin de sortir les feutres et les crayons). Comme quoi... la vie peut-etre très aléatoire selon que l´on soit magnat étasunien (et pas américain, car les boliviens le sont aussi!) de l´industrie du soda et grand consommateur de poudre blanche ou un cocalero (producteur de coca) bolivien...
Nous faisons donc tamponner nos passeports au poste frontière de la Quica, le temps d´apprendre 2/3 mots de français au douanier bolivien, avant de sauter dans un bus (qui ressemble à une vague épave montée sur des roues de 4x4) pour Tupiza, première escale bolivienne.
Avec près de 9 millions d´habitants rèpartis sur un territoire équivalent à 2 fois la France, la Bolivie est l´un des pays les plus vides et les plus pauvres d´Amérique Latine. Depuis l´indépendance en 1825, les colons espagnols n´auront laissé dans ce pays que des richesses pillées et un ethnocide sans précédent à cette époque... Comme quasiment tous les pays du sud du continent, la Bolivie est passée par la case dictature avant de redevenir une démocratie depuis 1982. En 2005, Evo Morales devient le premier homme d´origine amérindienne à accéder aux plus hautes fonctions de l´Etat en Amérique Latine. Une grande vague de réformes démocratiques fut alors amorcée (nationalisations, intégration des langues indiennes dans l´éducation, redistribution des richesses au profit des plus pauvres), notamment en faveur des indiens (qui représentent 60% de la population). Aujourd´hui, la révolution Morales se poursuit, en témoigne sa réélection le 6 décembre dernier avec plus de 60% des voix!
Nos premiers sentiments en Bolivie oscillent entre l´émerveillement (les paysages de l´Altiplano, c´est vraiment quelque chose) et la peur (les chauffeurs de bus, quand ils ne sont pas saouls, conduisent comme des pilotes de rallye sur les pistes de terre et de sable!). 90km au nord de la frontière, Tupiza nous accueille, plantée au milieu d´un cirque de montagnes rouges, qui dessinnent un creux dans l´immensité de l´Altiplano. Dès le lendemain, nous partons pour Uyuni, notre premier objectif bolivien. Pour cela nous devons effectuer plus 6 heures de trajet en bus (on garde ce mot par commodité..) pour à peine 200km, à travers des sommets, des steppes, des canyons, des rivières assechées et des séquences "vomi" désormais incontournables!
Au premier abord, la récompense n´est pas là! (aprés 6h de montagnes russes...on espérait mieux). La ville d´Uyuni en soi n´a rien de captivant. Ancienne plaque tournante de l´exportation de minerai vers le Chili au XIVe siécle, Uyuni était devenue, avant les années disco, une ville fantome que le soleil plombe le jour et que les vents glaciaux balayent la nuit! En témoigne son gigantesque cimetière de trains témoignant de la longue décadence du pays complètement dépassé par le contexte mondial en matière d´exploitation du minerai.
Malgré tout, la manne touristique apporte aujourd´hui un second souffle à la région. Et aux vues des merveilles qui entourent Uyuni, on comprend sans problème l´afflut de voyageurs du monde entier dans ce décor digne de Star Wars! Nous partons donc à la découverte du Salar (désert de sel) en compagnie de Tom (un étudiant allemand rencontré dans le bus), Cristina (étudiante espagnole rencontrée dans le bus) et Paola et Mario (guatémaltèques rencontrés dans la jeep nous menant au Salar). Et oui, en Bolivie les transports sont en passe de doubler Meetic au niveau du nombre de rencontres effectuées par leur intermédiaire...
D´une superficie de plus de 12 000km2 (l´équivalent de 2 départements francais), le Salar d´Uyuni est un immense désert de sel situé à 3 650m d´altitude. Son épaisseur varie de 1 à 12m de hauteur, et en dessous il y a un lac qui jadis formait avec le lac Titicaca une des étendues d´eau douce la plus grande du monde! Comme vous vous en doutez, on y trouve essentiellement du sel, mais aussi, vous ne l´aurez jamais imaginé, des isles de corrail pleines d´immenses cactus! C´est donc sur l´Isla Inca Huasi que notre jeep s´échoue après avoir parcouru 50km de cet océan irréel. L´étendue blanche laisse apercevoir aux alentours des volcans et des montagnes, qui, par un phénoméne optique, semblent flotter au dessus du salar! Les rayons du soleil nous brulent la peau. Leur reflet sur le salar nous brule les yeux. Nous rentrons sur Uyuni cuits comme des lomos de lama! Si en Argentine on mange du boeuf, en Bolivie le lama est la viande par excellence! Et c´est pas mauvais!
Notre escale à Uyuni se termine. Mais d´autres merveilles nous attendent à quelques heures de bus (comme en randonnée, on ne parle pas en distance car ca n´a aucun sens!). Nous vous donnons rendez vos dans le prochain article aux mines de Potosi et à la ville coloniale de Sucre.
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