Vouloir la révolution c´est labourer la mer

samedi 26 décembre 2009

En ce matin d´octobre, 1800 soldats de l´armée bolivienne encerclent un campement de la guérilla établi dans la Quebrada del Yuro, non loin du petit village de la Higuera. Trahi par le PC bolivien qui préfère suivre les directives de Moscou, le groupe révolutionnaire se sépare en deux permettant ainsi aux malades et aux blessés de prendre la fuite. Les Andes, solidaires de la lutte des guerilleros mais baillonées par la dictature de Barrientos, ne peuvent se joindre à ce combat. Le terrain, l´état de fatigue des guerilleros ainsi que la superiorité numérique de l´armée bolivienne rendront ce combat perdu d´avance. Ce sont les dernieres heures de la guerilla bolivienne. Trois heures après le début de l´offensive, l´armée capture le chef de la guerilla, décimé par l´asthme et bléssé aux jambes. Trainé jusqu´à l´école du village de la Higuera, ce dernier passera la nuit au milieu des cadavres de ses compagnons. Le lendemain le sergent Mario Terán penètre dans l´école, mitraillette en main. Deux rafales. Nous sommes le 9 octobre 1967, Ernesto "Che" Guevara vient d´être éxécuté.

En suivant les traces du Santas Claus bolivien en direction de Cochabamba, un choix se présentait à nous. Celui de faire un détour, ou non, par le village de la Higuera. Aprés des heures de réfléxion intensive, nous décidons à contre coeur de passer notre chemin. Et ceci pour plusieurs raisons. La première, la plus évidente, vient bien entendu du temps : la saison des pluies venant tout juste de commencer, le chemin (200kms quand même) menant à la Higuera aurait pu facilement ressembler à une attraction de Walibi. La suivante vient du temps, mais l´autre cette fois ci, puisque nous savons maintenant que notre temps en Amerique du Sud est compté : en effet nous devons être le 7 fevrier au Mexique pour acceuillir en grandes pompes ... Pierre-Antoine Jacques-Marie Mathieu! La dernière, la plus réfléchie, vient du fait que nous preferons nous rendre là où les idéaux du Che ont vaincu. Car si la Bolivie revendique fierement son passé "révolutionnaire" , son heritage guevariste , et son présent socialiste il en est pas moins vrai qu´elle se sert allegrement de l´image du guérillero héroico pour injecter quelques milliers de dollars dans le système monétaire international. A quand un verre de Coca de chez Mc Donald avec la célèbre photo du Che, les yeux tournés vers un monde meilleur?

Cochabamba...

C´est donc aprés une nuit passée dans un bus 4x4 que nous débarquons au petit matin à Cochabamba, 3ème ville de Bolivie. Et au premier abord c´est pas le top. Et aprés réfléxion, au second non plus. Ancienne cité coloniale, au carrefour des routes de Santa Cruz, Sucre et La Paz, Cochabamba n´a pas beaucoup de charme.

Mais après avoir avorté notre pélerinage vers la Higuiera, nous décidons quand même, en cette période de fêtes, d´aller à la rencontre d´un autre barbu ... Jésus! Véritable superstar en Amérique Latine, cet antique personnage possède son lot de statues titanesques outre Atlantique, comme à Rio et vous l´aurez deviné ... Cochabamba! Nous entamons donc notre chemin de croix vers le Christ, indéniablement décidés à nous repentir de tous nos pêchés depuis notre arrivée à Buenos Aires. Et comme il y en a beaucoup, nous avons du gravir un bon millier de marches sous un soleil de plomb pour arriver enfin au pied de l´immense statue qui domine toute la région du haut de ses 33m, âge auquel notre cher Jésus s´est fait crucifier! Nous avons même eu l´honneur, moyennant quelques bolivianos (Jésus aussi s´est mis au business...), de pénetrer dans le corps du Christ pour admirer d´encore plus haut la vue sur la ville et ses alentours.

Jésus Christ Superstar

L´esprit libre, pardonnés de (presque) tous nos pêchés, nous quittons Cochabamba le 25 decembre pour La Paz, la plus haute capitale du monde! Aprés quelques heures interminables de bus à travers l´immensité sauvage de l´Altiplano, nous arrivons à La Paz à la nuit tombée. Et ce fut tout simplement magnifique! La capitale, située dans une dépréssion de l´Altiplano, se rallie par les hauteurs de la ville (El Alto, l´ensemble des quartiers populaires) avant de plonger dans le coeur de la cité presque 800m plus bas! Et oui la Paz est la seule ville au monde où il faut monter pour se rendre dans les quartiers populaires et descendre pour se rendre dans les quartiers bourgeois!

Au fil des rues qui quadrillent la ville, les marchands ambulants squattent les trottoirs pour vendre de tout et n´importe quoi, de la clé USB dernière génération aux DVD piratés des derniers films sortis en salle, du jus de fruit pressé au shampooing Head & Shoulders! (parmi ces 4 produits, un seul n´est pas arrivé au fond de nos sacs, à vous de deviner lequel...). Et oui, en Bolivie, les supermarchés n´existent pas, et sans Carrefour, on positive! (même si on a toujours pas trouvé de Chartreuse...). Pour les plus acharnés, la Paz possède son mercado de las brujas, littéralement marché des sorcières, ou se vendent plantes et herbes diverses, cactus hallucinogènes et foetus de lamas!

Dans toute cette agitation, qui commence à l´aube pour se terminer tard dans la nuit, les pietons sont souvent condamnés à partager la route avec les combis (transports urbains), dans une valse gérée tant bien que mal par les "agents de la circulation" de la capitale! De temps en temps, les pluies tropicales viennent perturber l´activité bouillonnante du centre-ville, déversant des torrents dans les rues de la Paz. On vous rappelle qu´il y a 800m de dénivelé entre le haut et le bas de la ville, alors mieux vaut ne pas être dehors à ce moment là!

La Paz de nuit, vue depuis el Alto

Et en cette saison des pluies, on ne va pas vous l´apprendre, il pleut beaucoup! L´occasion de découvrir quelques musées parmi la multitude que compte la ville. Nous partons donc nous mettre à l´abri au musée de la coca, qui raconte l´histoire de cette feuille sacrée, de son usage ancestral par les peuples pré-incas jusqu´à ses dérivés chimiques actuels (cocaine, médicaments...). On se rend compte ici à quel point l´arrivée de l´"homme blanc" en Amérique à permis de détourmer l´usage de cette feuille à des fins destructrices, rejetant aujourd´hui la faute sur les cocaleros, et taxant la Bolivie de "pays de la drogue"...

Le mauvais temps continuant son oeuvre, nous grimpons dans les ruelles de la ville jusqu´au musée des instruments de musique. Certes, vous pourriez nous dire qu´il suffisait d´aller dans un magasin pour regarder des guitares, mais ce petit musée propose bien plus! Des collections de flûtes, percussions, guitares et charangos nous dévoilent à quel point la musique traditionnelle était (et est toujours d´ailleurs, malgré la "fabuleuse" invention du reggaeton) importante dans les cultures amérindiennes. Aprés, on est fan ou on ne l´est pas! A la fin de la visite, quelques instruments, tous plus farfelus les uns que les autres étaient mis à disposition des visiteurs pour qu´ils puissent en "jouer". On a beau être musiciens, ce fut une catastrophe! Mais nous avons pu, l´espace d´un moment, retomber un peu en enfance.

Le cadre naturel qui surplombe la Paz nous pousse par la suite à partir en excursion dans la cordilliere Royale, plus précisemment au Huayna Potosi, situé à 6 088m d´altitude! Accompagnés par Robin, Mario et nos deux guides, Francisco et Super Mario, nous rejoignons le camp de base à 4 700m, situé non loin d´une ancienne cité miniere aujourd´hui transformée en ville fantome. De là, nous rallions le Campo Alto à 5 130m, derniere étape avant l´ascension vers le sommet. Arrivée 16h, diner 17h, coucher 18h! Mais le peu d´heures de sommeil qui nous attendent sont rapidement compromises par une tempete de neige, qui arrivera jusque dans le refuge, recouvrant de blanc nos matelats et duvets! A 11h30, Super Mario vient nous réveiller (enfin pas exactement puisqu´on a pas dormi!) pour démarrer le trek. Nous chaussons donc nos crampons en pleine nuit prets à avaler les 1 000m de dénivelés qui nous séparent du Huayna Potosi, alternant marche et escalade au piolet.

Vue du Campo Argentino, à 5 500m!

Cependant, les conditions climatiques (neige fraiche, vent, sommet inaccessible) et le mal d´altitude (on vous épargnera les détails...) auront raison de toutes les cordées parties à l´assault du pic. Comme quoi, malgré ce qu´ils disent à la télé, la montagne, ca ne vous gagne pas toujours! Et c´est au lever du jour, à 5 800m d´altitude, que nous faisons marche arriere vers le refuge, le temps d´apprécier les magnifiques paysages de haute montagne, les glaciers environnants et les immenses crevasses qui jalonnent le parcours. Nous revenons à la Paz dans la journée, un peu déçus de ne pas etre arrivés au bout, mais tres heureux d´avoir vécu cette expérience hors du commun.

Mario, Quentin, Flo, Super Mario, le "chauffeur du combi" et Robin

Apres une bonne nuit de sommeil, cette fois ci, nous préparons le réveillon du nouvel an en compagnie d´argentins, de francais, de japonais et de coréens, l´occasion de se fracturer l´estomac et de découvrir quelques boissons et spécialités asiatiques. La suite de la soirée restera classée défense!

Pour finir, nous profitons de cet article pour vous adresser, au meme titre que notre président, nos meilleurs voeux pour 2010! De notre coté, 2010 rimera avec Pérou (bon d´accord ca rime pas...), pour lequel nous partons en ce début d´année.

1 commentaires:

freddy a dit…

ha voir l'état de vos cheveux je parirai pour le "head & shoulder" les mecs! LOL

Bises du duche