Le mystère du Gilmert I

samedi 30 janvier 2010

Le Gilmert I, bateau de transport multifonction (vous comprendrez de passagers, de marchandises, d´animaux, etc..), filait lentement sur l´Amazone. A son bord, environ 200 passagers étaient entassés sur les différents ponts. Desmond, depuis le départ de Pucallpa, avait senti que quelque chose de bizarre se tramait á bord du Gilmert. Maintenant il en était convaincu. Lors de sa derniere discussion avec Bogdan le Roumain, il avait appris que ce dernier s´était fait voler 200 dollars, 400 soles, et quelques dizaines de lei roumains. Décidé a resoudre ce mystére il mit au courant de l´affaire les trois seuls personnes qu´il jugeait dignes de confiance et hors de tout soupcons : Leandro l´argentin ainsi que les deux francais Quentin et Flo. Leandro dormant sur le pont inferieur et les deux dauphinois dormant sur le pont superieur, á coté de la victime, il avait desormais des yeux et des oreilles sur l´ensemble de l´embarcation.

Le soir suivant sa discussion avec Bogdan, Desmond rencontre un étrange individu, que nous appellerons Ricardo. Bien que ne lui ayant jamais adressé la parole auparavant, ce dernier souhaite prendre une photo en compagnie de l´irlandais. Ricardo profite de l´instant pour sortir un billet de 10 lei roumains de sa poche et de lui demander sa valeur au change (toute personne rationnelle se douterait qu´on ne peut pas échanger de lei roumains au Pérou...). Desmond fit de suite part de son entrevue avec Ricardo á Bogdan ainsi qu´aux autres passagers déja au courant de l´affaire. Il se rend compte que Leandro a eu la meme discussion avec le désormais suspect numéro 1! De plus, il rendit compte que Ricardo s´était offert lors de la derniere escale 12 canettes de bière (d´une valeur de 4 soles l´unité), trois tortues géantes (pour une valeur totale de 100 soles!) et 2 grammes la marijuana ... beaucoup pour un individu qui n´avait pas de quoi payer son trajet a l´origine! Cette information, Desmond la récolte auprés de Luis, bolivien de 46 ans qui représente l´une des sources les plus fiables du pont inférieur, malgré son état d´ivresse avancée à la suite de sa rencontre avec Ricardo, qui l´a invité à boire quelques bières. Du pont inférieur, toujours, Léandro rapporte qu´un autre individu, qui n´est autre que le voisin de Ricardo, a été également victime d´un vol!

Malgré ses réticences à vouloir s´immisser dans cette affaire jusqu´a présent, le capitaine du bateau se résoud, sous la pression de Bogdan, à arreter Ricardo et à l´enfermer dans une cabine du Gilmer afin de l´interroger. L´avalanche de preuves et de témoins couplée à la présence de deux agents de sécurité armés jusqu´au dents (a cause des pirates naviguant sur le fleuve) pousse le ladron à avouer tous ses crimes et à rendre une partie de l´argent à ses propriétaires. Une partie seulement, les 12 canettes de biere ayant été consommées (Luis s´en souvient encore!), et les tortues et la marijuana ayant été gracieusement offertes par Bogdan au personnel du bateau en guise de remerciements.

Le ratero est débarqué de nuit pendant l´escale suivante, il ne sera pas poursuivi en justice. Desmond est désormais soulagé et le Gilmer peut continuer sa progression vers Iquitos, en toute sérénité.

Tous les personnages, les lieux et les faits racontés sont tirés d´une histoire réelle. Comme quoi, l´Amazone n´est pas un long fleuve tranquille. Les voleurs de l´Amazonie ne sont pas trés professionels, mais ça ça ne nous a pas étonné. Elementaire mon cher Watson...

Welcome to the jungle!

Les Guns´N´Roses l´avaient prédit, nous l´avons fait! Qui pourrait s´ennorgueillir d´avoir parcouru l´Amérique du Sud sans être allé dans sa région la plus vaste, la plus inaccessible, la plus secrète... l´Amazonie!

L´Amazonie...

Mais avant de traverser la jungle, il nous faut tout d´abord effectuer une traversée du désert, au sens propre comme au sens figuré... Très vite refoulés au terminal de Cuzco par un paro (blocus routier du à l´augmentation du prix de l´essence par l´Etat péruvien), nous arrivons néanmoins à quitter la ville le lendemain. Mais notre joie sera de courte durée... deux heures seulement après le départ, un éboulement bloque la route, la nature s´étant invitée subitement aux négociations entre les professionnels de la route et le gouvernement... Après quelques heures d´attente dans l´obscurité totale, la voie est à nouveau réouverte, la DDE péruvienne n´ayant quant à elle pas rechigné à travailler! C´est donc à travers les Andes que nous poursuivons notre périple jusqu´au petit matin, ou nous sommes bloqués par un accident de la route cette fois. Une colision frontale entre deux bus (rien que ça!) laisse une paire de blessés sur le macadam, dont un (qui n´a presque plus de jambe...) que nous transportons jusqu´à l´hopital le plus proche (assez loin en fait). Cette petite "virée" nous aura encore couté quelques heures de trajet supplémentaires, mais comme dirait un bon péruvien, nous avons aidé notre prochain et Jésus nous en rendra grâce.

Nous quittons progressivement les Andes à travers des paysages désertiques (ici arrive enfin le sens propre de la "traversée du désert"). Les cailloux et la terre sèche ont remplacé la végétation verdoyante, les pluies diluviennes ont laissé place à la chaleur et au soleil! Nous arrivons à la mi-journée à Nazca, en plein désert, encastré entre les Andes et la côte Pacifique. Nous fêtons par ailleurs nos retrouvailles avec la panaméricaine, quittée au Chili. Le long de la route se trouvent les fameuses lignes de Nazca. Malgré tout, pour être honnête, vu du sol, ça donne pas grand chose... Nous remontons ensuite à grande vitesse la panaméricaine pour arriver enfin le soir venu à la cité des Rois. Au total, le trajet Cuzco-Lima aura duré, au bas mot, 26-27 heures. La compagnie, très gracieusement, ne nous aura pas fait payer de supplément...

Aucun rapport ni avec Lima, ni avec l´indépendance du Pérou mais on a pensé que ça représentait bien notre quotidien actuellement.

Fondée le 18 janvier 1535 par Francisco Pizarro, la Ciudad de los Reyes est aujourd´hui la capitale et plus grande ville du Pérou. Deux fois plus grand que la France de par sa superficie, le pays compte environ 30 millions d'habitants. Aprés la conquête espagnole, les premières véléités d´indépendance apparaissent en 1780 par une révolte de Tupac Amaru II (lui aussi ancêtre du célèbre rappeur), mais son armée est écrasée et lui se fait écarteler... Quelques décénnies plus tard, un certain Simon Bolivar (qui donnera son nom à la Bolivie), accompagné de José de San Martin (qui quant à lui donnera son nom à la deuxième plus grande foire du pays voironnais, après Beaucroissant) libèrent Lima et déclarent le 28 juillet 1821 l´indépendance du Pérou. Trois ans plus tard, la scission du pays donnera naissance au Haut Pérou, la Bolivie actuelle. Aujourd´hui, le pays jouit d´une économie qui compte parmi les plus performantes d´Amérique du Sud, au coeur d´une société de plus en plus métissée, où, comme en Bolivie, les traditions améridiennes sont toujours très fortes. Entre 1879 et 1883, le Pérou mena aux côtés de la Bolivie la Guerre du Pacifique. Le Chili, soutenu par les états-unis, entama une politique d´expansion au nord et envahit le port bolivien d´Antofagasta. La Bolivie déclara la guerre au Chili et le Pérou, par un traité réciproque de défense, entra à son tour dans le conflit. Pendant la campagne terrestre, le Pérou connaîtra quelques victoires, mais en 1881 les troupes chiliennes entrèrent dans Lima. La guerre prit fin le 20 octobre 1883 par le traité d'Ancón et fit perdre au pays la région de Tarapacá. La Bolivie perdit quant à elle définitivement son accés sur l´océan.

Le XXeme siècle est marqué par une succesion de coups d´état militaires et reformistes jusqu´en 1980 ou le Perou retrouve enfin le chemin de la démocratie. En 1990, inquiets de la menace que représente le Sentier Lumineux et lassés de la corruption qui sévit dans le pays, les peruviens élisent un mathématicien peu connu en politique, originaire du Japon, Alberto Fujimori. Sa présidence fut fortement marquée par l'autoritarisme, l'usage d'escadrons de la mort, la répression politique et la promulgation d'une législation antiterroriste . Il mit aussi en place un programme de stérilisations contraintes des indigènes(400000 amerindiennes furent ainsi stérélisées de force par ligature de trompe )... Il a été condamné en avril 2009 à 25 ans de prison par le tribunal de Lima notamment pour violation des droits de l´homme, génocide et crimes contre l´humanité. En avril 2006, Alan Garcia remporte les elections preidentielles et doit faire face aux mouvements indigenistes et au mécontentement grandissant envers les compagnies pétrolières. En juin 2009, la police ouvre le feu durant une manifestation indigeniste qui proteste contre l´exploitation de la foret amazonienne: bilan 34 morts...

La puissance du port de Pucallpa

Après avoir passé un jour à Lima, plus pour des raisons pratiques que culturelles, nous partons en direction de Pucallpa. Il nous faut une nouvelle fois traverser les Andes à travers des hauts plateaux et des cols à plus de 4 500m d´altitude, avant d´apercevoir au loin, et à travers les nuages, la forêt tropicale. Il nous faut également traverser des zones ou les narcotraficants sont encore actifs (la drogue c´est mal, vous voyez?), même si la menace est actuellement minime. Après près de 24 heures de trajet et un éboulement (la nature continuant son blocus), nous arrivons à Pucallpa, au bord du Rio Uyucali. La ville ressemble davantage à Woodstock qu´à un port. Le ballet des mototaxis et les pluies tropicales rythment le quotidien de cette ville ou il ne fait pas très bon vivre, il faut l´avouer. Nos billets en poche, nous montons à bord du Gilmer I, en partance pour Iquitos. Pour cela il faut arpenter les rues boueuses, zig-zaguer entre les camions de marchandise et les grues afin de monter sur la lancha par une planche en bois... Système "D" quoi, les fluctuations du rio rendant impossible la construction d´un "vrai" port avec des quais, des passerelles et des marins qui picolent (ah si ça il y en avait!).

Nous voilà donc partis pour 3 jours et 3 nuits de navigation sur le Rio Uyucali. Par chance (une première pour nous avec les transports péruiviens!), en cette saison des pluies le courant est fort et le temps de parcours est réduit. Nous installons donc notre hamac (dans lequel nous passerons 99% de notre temps) sur le pont supérieur en compagnie d´environ 200 péruviens auxquels s´ajoutent quelques touristes comme Desmond l´irlandais, Lily l´anglaise, Luis le bolivien, Leandro l´argentin (ils sont vraiment partout!) et Bogdan le roumain (celle là on ne nous l´avait encore jamais faite!). Si Pucallpa ressemble à Woodstock, le Gilmer I s´apparenterait davantage à Bagdad, la concentration des hamacs et des bagages au mètre carré atteignant des chiffres astronomiques!

Bagdad, mais sans l´armée américaine!

Au milieu de ce bordel ambiant (même s´il n´y avait pas de prostituées), on trouve des poules, des tortues, des porcs, des bananes (de la taille de notre bras ...vous aviez pensé à autre chose?), des voitures et même des mototaxis! Quant à l´eau, servant à se doucher et à faire la cuisine, elle provient directement du ... rio! (ils la filtraient un peu quand même!). La cuisine justement... 3 jours à manger du riz, de la soupe et des bananes planteurs cuisinés par une "joyeuse" (ou gay) bande de copains, ça rythme le quotidien et ça nous donne notre seul travail de la journée, nettoyer notre popote et acheter des fruits tropicaux dans les petits villages ou nous faisons escale! Des escales généralement mouvementées, le passe temps des gamins étant de canarder les bateaux avec des bombes à eau ... du rio naturellement!

A vrai dire, affalés dans notre hamac, on a beaucoup pensé aux personnes en France qui travaillaient durement dans le froid et après mure réflexion, on s´est dit qu´on n´allait pas rentrer tout de suite... Le seul point négatif de notre voyage reste les fameux mosquitos de la selva, agressifs et résolument carnivores, qui nous auront donné du fil à retordre mais que nous avons bravement combattu à l´aide de l´anti-démangeaisons local, l´alcool à 70º!

Un des nombreux villages vivant au rythme du fleuve

Nous arrivons à bon port (mais toujours pas dans un "vrai" port) dans la ville d´Iquitos, capitale de la région de Loreto et plus grande ville du monde non reliée par voie terrestre. Située sur le fleuve Amazone, cette enclave péruvienne au milieu de la forêt tropicale donne au pays un accès sur l´Océan Atlantique, via le Brésil, tout proche!

Inca trilogie (3/3) : Le retour de l´Inca

lundi 18 janvier 2010

De retour à Cuzco, nous reprenons nos petites habitudes afin de mener à bien cette trilogie. Même hostal, même patronne délurée, mêmes habitudes alimentaires (pizza Inca et saucisses/patates) et toujours pas d´eau la journée : il faut soit se lever tôt (on a assez donné au Machu Picchu) soit attendre le soir quand il fait nuit et froid (et qu´il pleut accessoirement...). Malgré tout, une différence majeure vient egayer notre quotidien ... une télévision dans notre chambre! (qui de plus fait partie de celles ou il ne pleut pas à l´intérieur...) A nous, donc, les télénovelas colombiennes, les rediffusions ancestrales de Friends et les programmes de divertissement (plutôt d´abrutissement) en tout genre!

Plus sérieusement, on n´est pas revenu à Cuzco pour planter des cailloux (les Incas l´ont fait avant nous) mais pour poursuivre notre découverte des ruines autour du "nombril du monde" et arpenter la ville de nuit en compagnie des deux seuls survivants argentins, Hernan et Gerardo (en gros faire la tournée des bars qui proposent une boisson gratuite). Malgré tout, nous ne développerons que la partie "culturelle" de notre fin de séjour à Cuzco, c´est bien plus interessant et les photos sont beaucoup plus belles...

Les fondations Incas soutenant le couvent Santo Domingo

Quoricancha, ou le mariage des murs Incas avec le baroque. Situé dans le centre de Cuzco, le long de l´Avenida del Sol, le couvent Santo Domingo recelle, en plus d´innombrables bondieuseries en tout genre, les ruines Incas les mieux conservées. En effet, le couvent fut construit au XVIIe siècle sur les fondations du Temple du Soleil, dont il subsite toujours les murs extérieurs, le jardin (ou les blocs de pierre faisaient office de nains de jardin) et quelques constructions qui entourent la cour intérieure du couvent. Le mariage architectural est impressionnant. Deux civilisations se cotoient dans un même édifice. Edifiant!

Sacsayhuamán domine toujours la ville de Cuzco

Sacsayhuamán, ou la monumentale forteresse de Cuzco. Erigée à partir du milieu du XVe siècle, durant environ 50 ans, Sacsayhuamán est avant tout célèbre pour ses énormes remparts qui zig-zaguent le long d´une colline qui domine toute la ville actuelle de Cuzco. Et comme dans une forteresse, il nous fut difficile de rentrer sans la carte internationale d´étudiants (qu´on a pas bien entendu même s´il est mentionné "estudiante" sur notre boleto turistico). Une fois dans l´enceinte du site, on peut s´imaginer facilement une garnison de 10 000 soldas incas, abritée au milieu de ces immenses murs, constitués de pierres pesant jusqu´à 300 tonnes. Cependant, Sacsayhuamán servait également à des cérémonies religieuses, notamment autour du culte du soleil, qui a daigné, pour une fois, montrer le but de son nez! Enfin, ce lieu fut le théatre de l´un des épisodes les plus sanglants de la conquête du Pérou, en 1536, ou les espagnols mirent définitivement la main mise sur Cuzco. Et c´est pour cela qu´aujourd´hui trône à quelques encablures du site une statue géante de ... Jésus Christ! Décidemment, ce vieux Monsieur nous accompagne partout en Amérique du Sud!

Si le mur de Berlin avait été construit par les Incas, le communisme existerait toujours...

Depuis 1527 et l´arrivée d´une poignée de conquistadors menés par Francisco Pizarro et Diego de Almagro, l´Empire Inca va littéralement se morceller et s´écrouler en quelques années. Le 16 novembre 1532 (quelques jours seulement après la Saint Martin...), l´Inca Atahualpa est capturé lors de la prise de Cajamarca et promet en échange de sa liberté de remplir d´or la pièce ou il est enfermé. Les Incas tiennent leur promesse mais pas Pizarro, qui fait exécuter l´Empereur. Aidés par la variole, les croyances Incas et surtout la rebellion des minorités jusqu´à présent soumises, les conquistadors vont rapidement marcher sur Cuzco, malgré l´insurrecion de 1536 menée par Manco Inca. Le dernier noyau de subsistance, situé autour de la ville de Vilcabamba, restera actif jusqu´en 1572... Les conséquences de la conquête et de la "pacification" du Pérou seront dramatiques pour les amérindiens. Les richesses de l´Empire sont pillées. Les maladies, la famine et la réduction des autoctones en esclavage (Potosi, vous vous en souvenez?) décimèrent la population, qui sera divisée par plus de 10 en un demi siècle. Aujourd´hui, la culture amérindienne subsite malgré l´importance toujours persistante de l´Eglise catholique. Quand à l´Empire Inca, il se résume aujourd´hui à la plus grande manne touristique d´Amérique du Sud...

L´approvisionnement en eau fonctionnait mieux du temps des Incas...

Tambomachay, ou les bains Incas. Contrairement à nous, arrosés systématiquement par la pluie mais dépourvus d´eau pour se doucher, les Incas étaient des gens très propres (du moins la noblesse) et possédaient même des bains. Ce site servait également de lieu de culte à l´eau (les Incas n´ont jamais su que ça faisait rouiller...). Ainsi, ils transportaient l´eau jusqu´ici à l´aide d´un système très sophistiqué d´aqueducs et de canaux souterrains, avant qu´elle ne sorte de terre via trois cascades, qui coulent toujours actuellement. Tambomachay était également le point de départ des chasquis (messagers incas) pour Ollantaytambo, situé à 2 jours de marche selon la guide. Selon nous, pour y être allé (sauf qu´on a opté pour le bus), 2 jours de footing!

Le lama scrutant d´un oeil attentif le nouveau conquistador : le yankee (allez le dernier pour la route, y´en a qu´on aime bien quand même )!

Puca Pucara, ou la forteresse qui sert à rien. Du moins on a pas trouvé un grand interêt à ce site, à part les lamas qui squattaient autour. Puca Pucara, "fort rouge" en quechua (qui n´a rien de rouge au passage, en même temps on était sobres...), était jadis un poste de garde sur la route de Pisac et sur l´Antisuyu (nord-est), une des quatre régions de l´Empire qui recouvrait la partie amazonienne.

L´entrée des grottes de Q´enko

Q´enko, ou le lieu ou les incas sacrifiaient nos amis les lamas. Signifiant littérallement "labyrinthe" en quechua, ce lieu est composé de caves ou était disposé un autel servant au sacrifice des animaux, à des fins religieuses comme toujours (on ne sait pas si ils mangeaient les lamas après...). Les cérémonies se déroulaient au rythme de la lune, dont la lumière pénetrait jusque dans les cavités pour éclairer l´autel. Pour avoir visité le site au crépuscule, Q´enko respire une atmosphère digne d´Indiana Jones et le Temple maudit. Malgré tout, rien ne vaut le film regardé en direct depuis la télévision de notre chambre!

Malgré sa brève existence et l´évangelisation des populations du nouveau monde, l´Empire Inca laisse aujourd´hui une empreinte considérable dans l´imaginaire occidental, relayé par de nombreuses fictions (qui n´a jamais lu Tintin et le Temple du Soleil?). Aujourd´hui encore, cette époque recèle une grande part de mystère et d´idées fausses. Contrairement aux civilisations occidentales, les Incas n´étaient pas prêts à se confronter à l´altérité. Les fondements mêmes de l´Empire ont été les principales causes de leur perte. Aujourd´hui, le retour de l´Inca (qui ne connaissait même pas la roue!) à l´époque des bus et des taxis s´assimile davantage à l´exploitation (et la dégradation...) des ruines par le tourisme, le business des produits dérivés (statuettes, tissages, produits artisanaux) et l´Inka Kola, boisson gazeuse (sans bulles) qui trône aux côtés du Coca Cola dans les fast-foods péruviens....

Pablo, Marcos, Flore, Quentin, un type sans son chapeau, Gerardo y Hernan
Nos vemos en Argentina boludos!

Aprés quasiment deux semaines passées à Cuzco en compagnie des boludos argentins, nous reprenons seuls la route de la plaine et de l´océan pour ... Lima, la cité des Rois et la capitale du Pérou!

Inca Trilogie (2/3) : L´Empire contre-attaque

L´origine des incas est aujourd´hui encore floue. L´hypothèse la plus problable les fait venir des rives du lac Titicaca et les fait heritiers de la culture Tiahuanaco ou Tiwanaku (pour la petite histoire Hergé n´ a jamais mis les pieds en Amerique du Sud, il s´est servi des représentations du site de Tiwanaku pour son chef d´oeuvre Tintin et le temple du soleil !!!). D´autres sources évoquent une origine amazonienne comme le peut l´attester la découverte de la cité inca de Mameria en Amazonie. Rappelons que l´explorateur français Thierry Jasmin cherche toujours dans le région Madre de Dios la légendaire cité perdue des incas, Pahïtiti. Bref, après leur arrivée dans la région de Cuzco, les incas ne sont qu´une tribu parmis tant d´autres. Ils participent une confédération avec d´autres groupes en occupant dans un premiers temps un rang surbodonné. Ils adoptent la langue quechua qu´ils propageront ensuite sur tout leur territoire. La confédération repose sur deux moitiés : le hanan qui détient les pouvoirs politiques et religieux et le hurin, dont font partie les incas, qui détient les pouvoirs militaires. Petit à petit la volonté dominatrice des incas fait son oeuvre. Sous les Incas Sinchi Roca, puis Lloque Yupanqui, Mayta Capac et Capac Yupanqui, les incas renforcent leur position dans la région cusquenienne. On leur reconnait un rôle prépondérant dans la confédération pour avoir pillé nombre de villages et repoussé les attaques adverses. A la mort de Capac Yupanqui, Inca Roca s'empare du contrôle de la confédération, et les Incas imposent leurs lois à toutes les tribus. Mais c´est sous le règne de Viracocha Inca que l´Empire du Soleil conforte sa domination sur la région et amorce son incroyable expansion. Le fils de Viracocha, Pachacutec soumet petit à petit les ethnies Chancas, Anqara, Huancas, Wayla et finalement fait mettre à genoux l´empire Chimu. En 1523 sous Huayna Capac , les Kara, dernière tribu à s´opposer aux incas, tombent à leur tour. Nous sommes à l´apogée de l´Empire du Soleil qui s´étend désormais sur le Pérou, la Bolivie, l´Equateur et une partie de la Colombie, du Bresil, du Chili et de l´Argentine....

Non, on n´a pas scanné une carte postale!

Au matin du 13 Janvier, nous voici partit à la recherche du Machu Picchu avec nos amis argentins. Mais par la roulte alternative. Et oui c´est parce que la plupart des yankees prennent le train de Cuzco jusqu´à Aguas Callientes pour la modique somme de 120US$ que nous avons décidé de faire autrement. C´est donc dans un combi 4x4 que nous rallions le village de Santa Theresa et à notre grande surprise les paysages se font de plus en plus vert le long du chemin. L´atmosphère devient plus etouffante, les condors tournent au dessus de nos têtes. Nous voici arrivés à l´entrée de Vallée qui mène à la cité perdue. A peine descendus du combi, nous entamons donc notre pélerinage vers Aguas Callientes le long de la voie ferrée. Durant tout le long de ces 4h petites heures de ballade en pleine jungle, on aurait pas été de surpris de voir surgir de derrière la barrière de végetation notre mentor et prophète, Indiana Jones. Malheuresement nous ne l´avons pas vu et nous n´avons pas entendu claquer son fouet. A Aguas Callientes le temps de prendre une douche et de manger une truite et nous filons au lit.

Un peu comme nous, l´appareil photo a oublié les quelques 2 000 touristes présents sur le site!

Tititititititititititit
. Mercredi 14 Janvier, 4h du matin. Nous nous levons en vitesse. Il règne une atmosphère étrange, trés étrange. L´exitation flotte dans l´air. Accompagnés de la lune, nous nous mettons en route sur les chemins de la citadelle avec tous ceux qui ont décidés de ne pas prendre les bus yankees (15US$ seulement). A 6h du matin nous arrivons aux portes du Machu Picchu avec le soleil levant....

Aguas Calientes, ultime contrefort avant le Machu Picchu

La cité sacrée du Machu Picchu (vielle montagne en Quechua) aurait été battie sous le règne de l´empereur Pachacutec. Elle aurait servie de résidence à l´Inca ainsi que comme centre cérémonial religieux.Veritable oeuvre maitresse de l´architecture inca, la citée aurait abritée jusqu´à 2000 personnes (principalement issues des élites) avant de tomber dans l´oubli avec la chute de l´empire. Les conquistadors ne s´interrèssèrent pas à la vallée sacrée car trop difficile d´accés, preuve en est du peu d´eglises et d´édifices coloniaux le long de la vallée. Le 24 juillet 1924, l´archéologue américain Hiram Bingham guidé par des paysans du coin se rend sur le site et dévoilera par la suite au monde entier sa découverte. Elle sera déclaré patrimoine mondial de l´humanité en 1983 par l´UNESCO. Le 7 juillet 2007, le Machu Picchu est désigné comme l´une des 7 nouvelles merveilles du monde par la NewOpenWorldFoundation, fondation non ofiicielle et à caractère commercial...

Coup de gueule : Nous ça nous fait bien rigoler quand un site classé patrimoine mondial de l´humanité est accessible moyennant une bonne liasse de dollars (40)... On a de serieux doutes quand à l´accessibilité du Machu Picchu pour certaines populations, mais ça faut pas en parler ça pourrait être mauvais pour le tourisme...

La brume du petit matin dévoile peu à peu la cité perdue

Il n´existe aucune phrase, aucune expression, aucun mot pour vous décrire avec exactitude ce que nous avons ressenti la haut. Cité sacrée, cité perdue, le Machu Picchu a tenu toutes ses promesses et nous a même donné beaucoup plus. Un voyage dans le temps. Un voyage exceptionnel si près des Dieux, si loin des hommes. Nous aurions pu passer notre vie à arpenter ce lieu magique, à converser avec des lamas, à s´allonger sur les terrasses verdoyantes et contempler l´horizon. Depuis la porte du soleil jusqu´au pied du Huayana Picchu (jeune montagne, vous l´aviez deviné) et malgré les hordes de touristes (pas forcément yankees d´ailleurs), la beauté suréaliste du site en a fait certainement l´endroit le plus marquant de notre voyage. Mais nous n´en dirons pas plus, il ne tient qu´à vous de venir le découvrir...

Deux ombres défiant les immenses falaises entourant le Machu Picchu

Aprés quelques 7 heures passées sur le site, nous prenons le chemin du retour sous une pluie tropicale mais grâce à nos supers ponchos imperméables (qui laissent passer l´eau...), nous y avons survécu. Nous rattrapons les boludos argentins qui sont écroulés sur le bord du chemin, à l´agonie. Nous les ramenons tant bien que mal à l´hôtel d´Aguas Calientes et les mettons au lit. Nous les suivrons d´ailleurs quelques minutes plus tard. Le lendemain matin, rebelote : la voie ferrée, la pluie et ces p****** de moustiques carnivores. Au total sur notre petit groupe de 7, nous avons comptabilisé deux petites centaines de piqures. De retour à Santa Theresa nous profitons d´un petit rayon de soleil pour aller nous vautrer dans les piscines d´eaux thermales. Ce petit détour nous forcera à passer la nuit dans les rues du petit village de Santa Maria, les pistes de terre étant fermées le nuit, saison des pluies oblige. Mais tout le monde se souviendra de cette nuit au milieu de nul part! On vous retrouve à Cuzco... tout de suite!

"Machu Picchu est un voyage à la sérénité de l'âme, à la fusion éternelle avec le cosmos, là-bas nous sentons notre propre fragilité. C'est une des plus grandes merveilles d'Amérique du Sud. Un havre de papillons à l'épicentre du grand cercle de la vie. Un miracle de plus."

Pablo Neruda, Les hauteurs de Machu Picchu

Inca trilogie (1/3) : Un nouvel espoir!

lundi 11 janvier 2010

Si le lac Titicaca est aujourd´hui considéré comme le berceau des civilisations pré-Colombiennes, Cuzco représente certainement le mieux leur apogée et leur décadence. Capitale de l´Empire Inca et véritable "nombril du monde" (Q´Osqo en Quechua), la ville s´est transformée au fil des invasions espagnoles et des tremblements de terre en une magnifique cité coloniale, qui compte autant d´églises et de places que de salons de massage.... Il reste cependant quelques fondations inca visibles, sur lesquelles se juxtaposent les constructions des inca-pables! (à savoir les espagnols, très appréciés outre-Atlantique!).
Aujourd´hui, c´est l´invasion yankee que subit Cuzco, dont les batiments coloniaux abritent autant de discothèques, hotels et restos que de musées. Malgré tout, la ville conserve encore aujourd´hui un charme indéniable et le tourisme en fait la région la plus florissante du Pérou.

Pisac controlait l´entrée est de la Vallée Sacrée

De Copacabana, aprés un passage frontière express, deux changements de bus et une nuit passée sur les routes péruviennes, nous rallions Cuzco au (très) petit matin. Aprés avoir salué une dernière fois nos amis italiens, qui retournent au pays, nous nous installons à l´Hostal Andrea, petit hotel tranquille malgré les tumultes de la vie sentimentale de la proprio, digne d´une télénovela colombienne... Dans la foulée nous retrouvons nos boludos argentins, Marco, Hernan, Gerardo, Sebastian, Pablo et Florenza pour une découverte nocturne de la ville. Rien de mieux pour s´acclimater, surtout lorsqu´on est perché à 3 400m d´altitude (heureusement c´est bienôt fini!). Ré piola!

Les célèbres terrasses de Pisac

Rapidement, nous nous mettons en quête du boleto turistico (et ouais nous aussi on est un peu des yankees), qui permet de visiter 16 sites et musées dans les alentours de Cuzco pour une somme modique, surtout quand on se fait passer pour des gentils étudiants français, fausse carte à l´appui. Mais nous avons beau eu battre les pavés de la ville, nous n´avons pas réussi à trouver l ´Inca. Un nouvel espoir renait donc lorsque nous partons découvrir Pisac (ou Pisaq c´est comme vous voulez) à sa recherche. A la surprise générale, on n´aura trouvé que des ruines, situées sur une colinne à l´entrée de la Vallée Sacrée des Incas. Pisac présente les terrassement agricoles les plus spectaculaires encore existant, qui servaient dans les parties basses à la culture du Choclo (bien connu à la Buisse) et dans les parties hautes à celle de la Papa (bien connue des amateurs de gratin dauphinois). Le site aurait également servi de lieu défense, au même titre qu´Ollantaytambo (vous n´arrivez pas à le prononcer, nous non plus!), second site archéologique visité dans la journée.

Les ruines d´Ollantaytambo

Toujours accompagnés des boludos argentins et les masses de yankees, nous trouvons les vestiges urbains incas les mieux conservés avec une fois de plus des terrasses titanesques surplombées par le Temple du Soleil, qui comme les églises (et les salons de massage) à Cuzco sont omniprésents. Ollantaytambo servait également d´ultime point de défense du Machu Picchu et fut le dernier lieu de résistance inca après la chute de Cuzco. Malgré tout, nous n´avons toujours pas trouvé l´Inca.

Chinchero

Nous cherchons donc du côté de Chinchero, qui regroupe non seulement terrasses, vestiges incas (une fois de plus recouverts par des églises) mais également un artisanat de tissage traditionnel. C´est fait à la main, c´est beau et c´est moins cher que chez La Redoute! Nous rentrons de cette journée chargée sans avoir trouvé l´Inca mais avec la promesse de retourner dès le lendemain dans la Vallée Sacrée à l´assault de nouveaux sites archéologiques.

Laine de lama garantie sans colorants ni conservateurs!

Et c´est sous la pluie, décidemment omniprésente à Cuzco (comme les salons de massage), que nous prennons la route de Moray, certainement les ruines les plus impressionnantes de la vallée. Aprés un passage express aux mines de sel de Maras, nous arrivons par la piste sur le site de Moray, ou se cotoient trois énormes terrasses de forme circulaire dédiées jadis aux expériences des agronomes incas (plus de 82 variétés de pommes de terre furent développées ici) et aujourd´hui en cours de restauration. Le plus grand cercle comptant jusqu´à 15 niveaux asccessibles uniquement par le haut d´une colline, la remontée jusqu´au bus n´aura pas été de tout repos, la pluie et la boue faisant leur oeuvre, les Dieux ayant décidé de régaler (comme souvent en cette saison des pluies) la Pachamama, la Terre Mère.

Les terrasses circulaires de Moray, uniques en leur genre

Vous vous en doutez, nous n´avons toujours pas trouvé l´Inca, mais nous avons vu certaines de ses plus grandes oeuvres, son plus fidèle compagnon (le désormais incontournable lama), son environnement naturel, ses croyances et l´héritage qu´il laisse encore aujourd´hui aux populations dans cette région. Chaque lieu respire une atmosphère particulière, mystique, spirituelle, en accord avec les éléments.

L´ascension et le rayonnement de l´Empire Inca fut aussi rapide et impressionant que son existence fut brève. Fondé officiellement en 1438 par Pachacutec, le Tawantinsuyu (veritable nom de l´empire, Inca étant le titre de l´emprereur) s´effondrera peu après l´arrivée des conquistadors en 1572, date de l´exécution du dernier Inca, Tupac Amaru I, qui donnera plus tard son nom à un célébre rappeur étasunien. Malgré tout, l´Empire régnera sur une large partie de l Amerique du Sud grâce à une administration et un système de contrôle de la population trés développé, basé avant tout sur la redistribution des ressources agricoles, leur principale richesse (l´or et les métaux précieux n´étaient utilisés que pour les ornements des temples et n´avaient donc aucune valeur marchande...). Bien qu´ils édifièrent les constructions pré-Colombiennes les plus remarquables, les Incas n´ont rien inventé et n´ont fait qu´utiliser les savoirs des tribus amérindiennes qu´ils ont progressivement soumises et notament l´empire Tiwanaku. Cependant, ils furent de grands architectes au même titre que de grands tisseurs (tisseuses pour le coup... on parle du XVe siècle), musiciens et potiers. Ils possédaient de grandes connaissances en astronomie, en médecine et en techniques agricoles (les patates on ne s´en lassera jamais!). Malgré tout, l´hétérogénéité de l´Empire, leurs croyances et leurs coutumes ne résisteront pas à l´avidité des espagnols. Durant la conquête espagnole, ils détruisèrent eux-même leurs édifices pour qu´ils n´aient aucune utilité à l´ennemi.

Têtus comme des lamas ces Incas...

Après une semaine passée à Cuzco, nous faisons de nouveau nos bagages pour nous rendre au Machu Picchu, cité perdue des Incas aujourd´hui reconnue comme l´une des sept nouvelles merveilles du monde... L´aventure dans la jungle et l´histoire péruvienne commence maintenant! Vamos!

Les Buissards et le Temple du Soleil

mercredi 6 janvier 2010

C´est au petit matin du 3 janvier 2010 que nous quittons la capitale bolivienne pour notre prochain objectif : le lac sacré des incas, berceau des civilisations andines, el lago Titicaca. D´une surperficie de 8562km², le lac Titicaca est le plus haut lac navigable au monde (3800m!). Partagé par le Perou et la Bolivie, il compte 41 iles dont certaines sont habitées par des populations Aymaras, Quechuas et Uros. Aprés quelques heures de bus interminables (bah oui, c´est comme une drogue) dans un combi bondé d´argentins, ainsi qu´une traversée d´un "détroit" du fleuve sur une barque (le mot radeau serait plus approprié), nous voici arrivés à la dernière ville bolivienne avant la frontière peruvienne, Copacabana. Telle une station balnéaire, plus haute que toutes les stations de ski européennes, la ville qui a donné son nom à la célèbre plage de Rio de Janeiro (pour ses plages justement!) est le point de départ vers les îles du lac, et notamment l´Isla del Sol, que nous rejoignons en compagnie du capitaine Sabino, moins téméraire que Jack Sparrow mais tout aussi comique!

El lago Titicaca

L´Isla del Sol, vue du Vikingo II!

Une des légendes raconte que Viracocha, le dieu créateur représenté comme un grand homme blanc portant une barbe,
sorti du lac Titicaca et créa le dieu Soleil (Inti), la déesse Lune(Yassi) et les Etoiles (Wara), sculpta dans le roc les ancêtres du genre humain, assignant à chacun une portion de territoire où il devait se rendre. Il confia aussi à chaque tribu andine, une culture et une langue. Viracocha arpentait le monde et se manifestait aux hommes pour leur transmettre ses conaissances, sans que ceux ci ne puissent le reconnaitre. Aprés un grand déluge qui dévasta le monde terrestre, Inti créa avec l´aide du lac Titicaca Manco Capac et sa soeur-épouse Mama Ocllo pour apporter aux hommes la civilisation et éviter ainsi une nouvelle catastrophe. Ensemble ils fondèrent Cuzco ("le nombril du monde") et donnèrent naissance à la lignée des incas. Les incas, peuple du soleil, prospèrent grâce aux astres et aux divinités terrestres qu´ils honoraient dignement. Laissant son oeuvre aux soins de son fils Inti et des autres divinités, Viracocha quitta la Pachamama (la Terre-Mère) en promettant aux hommes de revenir un jour... La légende rejoint durement la réalité lorsque des hommes blanc barbus arrivèrent aux portes de l´empire Inca...

James, Marco, Quentin, Marcos, PierPaulo et un type avec un chapeau

Sur le petit bateau (le vikingo II) nous menant à l´Isla del Sol, nous faisont la connaissance de James un Honkongais, Marco et PierPaolo deux italiens et de Marcos, un argentin. Avec le coucher du soleil nous débarquons sur la côte sud de l´île et entreprenons la dure ascension qui nous ménera à notre petite auberge, 150m plus haut. Le lendemain, frais comme des gardons et avec notre petite troupe, nous partons à la conquête de l´ile sacrée des incas, peuplée de seulement 5 000 âmes dispersées en petits villages qui jallonnent les côtes. Et pour éviter de payer les différentes routes et chemins incas qui la traversent, nous décidons de couper à travers monts et forêts. Mais là, ça complique tout de suite les choses ... Aprés 4h de marche sous un soleil brulant (Ah là pour le coup, l´île porte bien son nom!) nous arrivons au petit port nordiste de l´île, envahi pour le coup par des anglais plutôt smarts. Ce sera l´ultime étape de nos compagnons qui nous laisseront continuer seuls jusqu´aux ruines incas un peu plus au nord, le temps pour eux de boire un jus de citron pressé en nous attendant.

Ruines incas...

Et sur le chemin des ruines, nous croisons Hernan et ses potes, les argentins rencontrés à la Paz. Avec eux ce n´est plus les forêts que nous traversons, mais bel et bien des falaises que nous escaladons, pour éviter tous les "checkpoint" payants de l´île. Deux trois photos du site et l´échange de nos adresses avec Hernan plus tard, nous prenons en vitesse le chemin du retour pour ne pas arriver en pleine nuit à notre hotel, raides comme des polonais après 10h de marche. Ces (longs!) instants à marcher sur l´île du Soleil, auront été tout simplement superbes, inoubliables! L´espace d´une journée, nous avons arpenté des chemins incas à presque 4 000m d´altitude, sur un lac aux couleurs magnifiques entouré par la célèbre cordillère royale. De nos points de vue les plus hauts, sous un soleil éclatant, nous avons pu admirer les côtes de la prochaine étape de notre voyage. Pendant une journée, nous nous sommes sentis hors de l´espace-temps, à des milliers de kilomètres de la civilisation. Et comme Viracocha, nous nous sommes juré d´y revenir, bientôt...

Au loin, le Perou!

De retour à Copacabana, deux jours après notre arrivée sur l´île et le temps de régler deux trois formalités administratives et bancaires et de faire nos adieux à Marcos, nous voici repartis en direction de la frontière péruvienne en compagnie des deux italiens.

Nous quittons donc la Bolivie après trois grosses semaines passées au milieu des Andes, à travers des paysages sublimes et déserts, des routes excécrables, des bus 4x4 datant de la guerre (de Cent Ans!), des hôtels pas toujours propres mais accueillants, des douches froides, de la bouffe à l´huile, de la dynamite de qualité et surtout des habitants tellement dans la lune, au pays où les astres sont vénérés depuis la nuit des temps. Vous l´aurez compris, on aime la Bolivie, sa simplicité, son authenticité (malgré un tourisme en plein développement) , ses galères en tout genre et bien entendu ses habitants même si le contact est un peu plus difficile qu´avec leurs voisins du sud. La Bolivie, terre d´aventures, vous attend bras grands ouverts et vous invite à la découvrir!

El camino del Inka

Comme le disait l´antropologue Alcide d´Orbigny "La Bolivie est la synthèse de l'Univers" et croyez-nous, il avait, en quelque sorte, raison. C´est un pays aux multiples facettes, gardien des traditions amérindiennes.

Comme le diraient les auteurs de ce blog, "La Bolivie est une grande mascarade, comme une pièce de théatre qui se déroulerait sur une autre planète". Un pays d´arts, d´immensités sauvages et de révolutions. C´est absolument tout ... mais en aucun cas comme vous vous l´êtes imaginé.

L´aventure continue au pays des Incas!